Gabriel Fauré / L'Œuver pour piano

1re édition: 2020-01-08
revue et corrigé:

Gabriel Fauré / L'Œuver pour piano

Les oeuvres pour piano de Fauré couvrent la majeure partie de sa vie creatirce, de 1881 a 1921. Ces quarante année: furent les témoinde changement considérables, tant dans l'historier générale que dans le langage musical. Lorsque Fauré écrivi ses premieres oeuvres pour piano, Wagner ef Liszt etaient encore vie et Brahms se trouvait au sommet de sa puissance creatrie, tandis qu'en France Saint-Saiens et Lalo oupaient une posi- tion dominante en mauere de musique ins- trumentale. alor que Ce ar Franck n'avait pa en ore donne ses partitions les plus importante . A l'epoque du 13e Nocturne. l'utlime chef-d'oeuvre pianistique de Faure. plu grande revolution de l'histoire mu icale. in arnee par Schoenberg et Stravinsky, avait deja eu lieu, et le jeune Groupe de Six avait opere son premier impact. L'epoque d'apres 1918 constituait un univer arti. tique et spirituel vertigineusement eloigne de celui de la jeunesse de Faure. De plu, dan l'intervalle la totalite de l'oeuvre pianistique de Debussy (qui mourut en 1918) et de Ravel avait vu le Jour. Ravel. le plus illustre disciple de Faure .et on cadet de trente ans, n'ecrivit nen pour piano seul apres son Tombeau de Couperin de 1917, mais ses deux Concertos ne furent acheves qu'en 1931, sept ans apres la mort de Faure.

Il est certain que les oeuvers pianistiques de Faure, comme e reste e sa production, revelent une evolution frappante , de l' ele- gance brillante es premiers Nocturnes et Impromptus a l'atmosphere d ' introspection sublimee et rarefiee de son ascetique derminiere maniere. Mais il semble que cette evolution soit une affaire strictement personnelle, et l'on trouverait difficilement un compositeur, francais ou etranger, qui ait ete si peu affecte par les tendances de son temps. L'harmonie hautement personnelle de Faure, son usage nouveau et audacieux de la modulation, sa deconcertante aisance dans l'enchainement des tonalites les plus eloignees, tout cela fut le resultat d'un prola cessus graduel qui, bien qu'enracine dans le langage romantique d'un Chopin ou d'un Schumann, transcenda rapidement le dix-neuvieme siecle, sans devenir pour autant une part integrante du vingtieme. Les detracteurs de Faure, qui demeurent nombreux, tant en France qu'ailleurs, s'empressent de souligner l'anachronisme de sa musique. Mais en fait il demeura en dehors du temps, et son st Y le tardif est un phenomene tout a fait isole dans l'histoire de la musique, qui n'eut jamais de descendance que dans l'oeuvre mineure de quelques epigones et qui, inimitable par essence, ne pouvait constituer qu'un cul-de-sac La qualite la plus frappante de la personnalité musicale de Fauré est bien son caractère intemporel, et c'est très justement que son ami Saint-Saëns affirmait: « Fauré n'a pas d'âge et n'en aura jamais. » Mais, à l'instar de mainte personnalité majeure en musique ou en art, son évolution ne cessa de tendre vers l'universel. Ainsi ses derniers chefs-d'oeuvre, quoique ne regardant nullement vers le passé, ne présentent guère de liens avec leur époque, alors que sa production de jeunesse s'intègre bien plus nettement dans le monde musical du dix-neuvième siècle à son déclin.

Par son importance quantitative, la musique pour piano de Fauré ne le cède à celle d'aucun compositeur français, tout en égalant à peu près celle de Debussy. Dans sa propre production, son volume équivaut sensiblement à celui des Mélodies, bien que celles-ci se répartissent plus régulièrement sur l'ensemble de sa carrière, et ce dès le début.

En effet, Fauré, comme Debussy, et contrairement à Schumann, semble avoir trouvé sa propre personnalité d'abord dans le domaine de la Mélodie, auquel sont exclusivement consacrés ses dix premiers Opus, parallèle frappant avec les vingttrois premiers Opus de Schumann, purement pianistiques. Quelques choeurs, l'essai d'un Concerto pour Violon (inachevé et détruit) et les deux premiers chefs-d' oeuvre de musique de chambre (la Sonate pour Violon en La et le Quatuor avec Piano en ut mineur) précédèrent également l'apparition tardive, en 1881, de la première composition pour piano seul, la Ballade, oeuvre d'un compositeur de trentesix ans. Mais cette étrange réticence une fois surmontée, l'assurance nouvellement acquise se manifesta par un flot sans précédent de créations pianistiques. C'est ainsi que 1883 devint l' annus mirabilis du piano fauréen, avec non moins de sept oeuvres publiées.

En décomptant la version avec orchestre de la Ballade ainsi que la tardive Fantaisie pour piano et orchestre opus 111 (1919), mais en comprenant la Suite à quatre mains Dolly, l' oeuvre pour piano de Fauré se compose de soixante-cinq pièces. La plupart d'entre elles sont de dimensions réduites, et il ne s'essaya que deux fois à une forme plus vaste, dans la Ballade et dans le Thème et Variations. La plupart des genres qu'il cultiva se trouvent chez Chopin : Nocturnes, Barcarolles, Impromptus. Valses, Préludes, et même une Mazurka isolée. Mais au contraire de Debussy. il ne se sentit jamais suffisamment concerné par les problèmes de la technique instrumentale pour entreprendre un recueil d'Etudes. Quant à l'absence de toute Sonate dans la production pianistique d'un maître ayant si admirablement enrichi le grandes formes de la mu ique de hambre elle ne fait que refléter le déclin général du genre a la fin de l'ère romantique.

Comme pour la plupart de grand. compoiteurs qui ne moururent pas trop jeunes, le développement e thétique et stylistique de Fa uré par troi phases successives. Elle apparaissent avec une nettete particuliere dans musique de piano, qui se divise clairement en trois groupe .

Une premier période comprend les oeuvre écril jusqu en 1886: Nocturnes 1 à 5, Barcarolles 1 à 4, Impromptus 1 à 3, Valses-Caprices 1 et 2 ,la Ballade, la Mazurka et les troi Romances sans Paroles. On trou e dan ce premier groupe la majorité de pages les plu connues et les plus jouées. Les pianistes préfèrent généralement ces piece de jeunesse à cause de leurs séduction brillantes et immédiates tout comme les chanteurs donnent unout les premières Mélodies. Ainsi, le public des concens ne peut se faire de la personnalité de Fauré qu'une idée partielle et limitée à des oeuvres d'imponance relativement secondaire. L'obscurité entourant oeuvres mai est à l'origine de la plupart des malentendus et des jugements erronés dont il continue à être victime.

La seconde période, d'une maturité croissante, débute en 1892 après six and d'inter- ruption dans le domaine pianistique,et s'étend jusqu'en 1904. On y trouve les Nocturnes 6 à 8, les Barcarolles 5 et 6, lese Valses-Caprices 3 et 4, les Pièces brèves, le Thème et Variations, enfin la suite a quatre mains Dolly. Deux chefs-d'ouvre indusctés, le 6e Nocturne et Thème et Variations, ont atteint à quelque célébrité, et ce sont les seules pages pianistiques pleinement dignes du génie de Fauré regulie- rement au répertoire des pianistes.

La troisième période, la moins connue des trois, couvre une période de quelque seize ans, de 1905 à 1921. Aucune coupure nette, aucune interruption ne la separent de la pre- cédente, mais on peut considerer qu'elle s'ouvre avec la 7e Barcarolle, ecrite en même temps que le Premier Quintette (op. 89) qui constitue, lui, un jalon tres net dans l'évolution fauréenne. Cette derniere période comprend une succession ininter- rompue de nobles chefs-d'oeuvre : Noc- turnes 9 à 13, Barcarolles 7 à 13, Impromp- tus 4 à 6 et les 9 Préludes. Ce sont les dignes voisins des derniers cycles de Melodies, des grandes pages de musique de musique de chambre et de l'admirable Pénélope, l'unique opera de Fauré, toujours si sous-estimé.

Fauré a été appelé parfois « le Schumann français », car il concentra lui aussi ses efforts dans le domaine intime du piano, de la medodie et de la musique de chambre. Et pourtant, on- ne saurait imaginer comparaison plus erronée. A l'exception de quelques rares et fugitifs échos dans les premières pages de musique de chambre, on ne trouve dans l'oeuvre de Fauré aucune trace de l'influence du style de Schumann. Son tempérament serein et mesuré, son sens inné de l'équilibre et du raffinement, sa faculté, digne de Bach, de soutenir le fil de la pensée musicale et d'en assurer la continuité sonore et rythmique, tout cela est aux antipodes du tempérament impulsif et fiévreux de Schumann, de ses éclats de passion intenses et brefs, de ses contrastes brutaux et de sa perpétuelle inquiétude. Fauré est bien plus proche de son presque contemporain Brahms, dont la position, dans la musique allemande, est quelque peu semblable à la sienne. Tous deux sont des artistes tournés vers l'intérieur, fuyant l'éclat factice et la vulgarité et qui, tout en refusant la banalité, sont cependant soucieux de ne pas choquer leurs auditeurs, et s'appliquent donc à dissimuler leurs nombreuses innovations de langage, attitude qui les a fait passer à tort pour des esprits timorés et tournés vers le passé. Il y a quarante ans déjà, Schoenberg a publié une étude retentissante sur « Brahms le progressiste », mais un travail du même ordre sur Fauré reste toujours à écrire. En abordant le domaine particulier de la musique pour piano de Fauré, le nom de Chopin s'impose av, ant tout autre. Les titres de ses oeuvres n en sont pas l'unique raison, encore que dans un cas au moins, celui des Nocturnes - le plus important, certes, de ses recueils pianistiques - Fauré apparaisse comme le plus authentique héritier de Chopin. C'est avant tout dans ses oeuvres de jeunesse que son écriture pianistique procède de celle de Chopin, mais pas d'une manière plus marquée que chez Debussy. Par contre, dans ses chefs-d' oeuvre de maturité, on ne retrouve que peu de chose de la fluidité et de la luxuriance pianistique de Chopin, et dans la plupart des Préludes ou les derniers Nocturnes l'écriture polyphonique devient aussi stricte et aussi dépouillée que chez Bach.

Fauré rappelle également Chopin par le choix des tonalités, et pour d'évidentes raisons de technique instrumentale il préfère lui aussi les tonalités « noires », chargées d'altérations, surtout les tons bémolisés. Ré bémol majeur apparaît non moins de huit fois, La bémol, sept fois, Mi bémol, six. Au contraire, la plupart des tonalités mineures sont diézées : mi mineur (cinq fois), ut dièze mineur et la mineur (quatre fois chacune). Les chefs-d'oeuvre les plus élevés des dernières années adoptent généralement ces dernières tonalités, alors que les pages plus populaires du début s'en tiennent aux tons riches de bémols.

Avant d exammer les différente oeuvres avec quelque détail, voici une brève syn thèse chronologique de publication

Première période.
1880: Ballade op. 19 ; 3 Romances sans Paroles op. 17.
1881 : Impromptu n° 1 op. -75 ., Barcarolle n° 1. op. 26.
1883 : Impromptu n° 2 op. 31 ; n° 3, op.34 ; Valse-Caprice n° 1. op. 30 ;
Nocturnes nOS 1-3, op. 33 ;Mazurka op.32.
1884 : Valse-Caprice n° 2, op. 38.
1885 : Nocturnes n° 4, op. 36: n° 5, op. 37.
1886 : Barcarolles n° 2, op. 41 ; n° 3, op.42.
1887 : Barcarolles n° 4 op. 44.
Deuxième période.
1893 : Valse-Caprice n° 3 op. 59.
1894/1906 : Dolly op. 56.
1894 : Valse-Caprice no 4 op. 62 ; Nocturne no 6 op. 63 ; Barcarolle n° 5 op. 66.
1896 : Barcarolle n° 6 op. 70.
1897 : Thème et Variations op. 73.
1899 : Nocturne N° 7 op. 74.
1903 : 8 Pièces brèves op. 84 (la huitième est le Nocturne N° 8 ; certaines pièces sont de composition antérieure).
Troisième période.
1905 : Barcarolle n° 7 op. 90.
1906: Impromptu n° 4 op. 9l.
1908 : Barcarolle n° 8 op. 96 ; Nocturne no 9 op. 97.
1909 : Nocturne n° 10 op. 99 ; Barcarolle n° 9 op. 101 ; Impromptu n° 5 op. 102.
1909-11 : 9 Préludes op. 103.
1913 : Impromptu n° 6 op. 86 bis (version originale pour Harpe op. 86 composéeen 1904) ; 
       Nocturne n° Il op. 104 n° 1 ; Barcarolle n° 10 op. 104 n° 2.
1914-16: Barcarolles nOS 11 et 12 op. 105 ;Nocturne n° 12 op. 107.
1921-22 : Barcarolle n° 13 op. 116 ; Nocturne n° 13 op. 119.

Harry HALBREICH

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MARUYAMA Satosi