Ces huit pièces furent publiées en recueil en 1902, mais certaines d'entre elles remontent sans doute à une époque bien antérieure. Leurs difficultés techniques modérées et leur absence d'éclat extérieur les font généralement négliger par les pianistes, mais leur modestie dissimule bien des charmes, et leur ensemble constitue une sorte de petit journal intime qui demeure cher au coeur de tous les Fauréens. Précisons que les titres des morceaux furent ajoutés par l'éditeur et ne sont donc pas de Fauré. Un charmant et spirituel Capriccio en Mi bémol majeur, presque un Impromptu en miniature, est suivi d'une Fantaisie en La bémol majeur, souple et chantante, qui eût pu s'intituler aussi bien Romance sans Paroles. Vient ensuite une merveilleuse petite Fugue en la mineur, à quatre voix, que Fauré écrivit encore étudiant, à moins de vingt ans, et dont l' absolue pureté d'écriture s'accompagne d'un channe et d'une tendresse uniques. L'expression grave et intime de l'Adagietto en mi mineur, presque une marche funèbre, contraste avec l'animation de l'Improvisation en ut dièse mineur, composée à l'origine pour l'examen de déchiffrage du Conservatoire de Paris. Une seconde Fugue en mi mineur, qui n'égale pas tout à fait la première, est suivie de l'exubérante Allégresse en Ut majeur, page d'une chaleureuse bonne humeur et d'une jeunesse contagieuse. La dernière pièce, Nocturne en Ré bémol majeur, n'est autre que le Huitième Nocturne, déjà examiné avec ses compagnons.
Harry HALBREICH
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